Réinventer le management de la performance pour réellement concilier agilité court terme et vision stratégique moyen terme

 

Interview de Frédéric Doche, co-président du groupe Contrôle de gestion et président de Décision Performance Conseil

La publication des résultats de l’Observatoire international du Manager de la Performance est chaque année un évènement. Ou plutôt un évènement dans l’évènement puisqu’il est de tradition que les résultats soient dévoilés au cours de Financium, le congrès annuel de la DFCG. Pour cette 10e édition, il ne sera pas dérogé à la règle. Avec, en avant-première, quelques éléments clés de Frédéric Doche, avant la restitution lors de la conférence du 15 décembre prochain de 9h35 à 10h35.

Interview réalisée le 7 décembre 2020.

 Frédéric Doche, cet Observatoire est unique en son genre et très attendu. Quels en sont les ressorts ? 

J’ai créé pour la DFCG cet Observatoire  en 2010 pour répondre à une attente forte des professionnels du contrôle de gestion : connaître les pratiques et les activités de leurs homologues partout dans le monde, comparer leurs méthodes et leurs outils, identifier des tendances et des bonnes pratiques. Il faut souligner que la DFCG a été créée en 1964 autour du contrôle de gestion et de son introduction en France. Les pratiques de contrôle de gestion et de management de la performance sont parfois différentes selon les pays, même si elles sont similaires dans les grands groupes partout dans le monde.

Vous adressez donc des praticiens aux quatre coins du monde ?

Absolument : l’enquête est diffusée aux associations de financiers dans différents pays de tous les continents, qui les diffusent à leurs membres, en prenant soin d’adresser toutes tailles d’entreprise, secteurs d’activité et régions.

L’ampleur de la tâche a dû être amplifiée par la crise actuelle ?

En effet, et pour deux raisons. Tout d’abord, il est très clair que notre profession souffre terriblement de cette crise. Elle éprouve les directions financières et plus spécifiquement les contrôleurs de gestion dans leur travail de suivi budgétaire et de reprévision. Ils étaient donc moins facilement disponibles pour participer à l’enquête.

Ensuite, le contexte si particulier méritait quelques questions spécifiques. Et notamment la gestion des priorités court et moyen terme durant la crise.

Au fond, ces périodes de crise sont toujours très intéressantes et il en ressort souvent des axes de progrès. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu mener coûte que coûte notre enquête malgré ce contexte difficile.

Si nous avons axé une partie du questionnaire sur la conjoncture, nous avons conservé ses volets plus traditionnels ce qui nous permet de comparer et de décrire les grandes évolutions et tendances.

Je pense notamment au volet sur le digital que nous avons introduit il y a deux ans.

Sans dévoiler les résultats de l’enquête qui seront présentés le 15 décembre à 9h35 lors de Financium, y-a-t’il des lignes forces dont vous accepteriez de nous parler ?

Très clairement ce qui ressort de manière très intéressante, c’est la façon d’aborder cette crise pour le moins soudaine et atypique. Il a fallu s’adapter et changer très rapidement les priorités. Certains ont laissé de côté leur outils de reporting classiques qui n’étaient pas en mesure de s’adapter aux nouvelles problématiques pour retraiter leurs données sous excel. On imagine donc l’ampleur de la tâche alourdie par un travail de reprévision et de gestion du cash à des fréquences qu’on n’imaginait pas auparavant. Cette situation a créé des besoins de transformation du management de la performance en termes d’outils et de méthodes qui n’en sont qu’au début.

Que va-t-il ressortir de cette expérience ?

Le besoin de faire évoluer nos méthodes et nos outils, notamment en les rendant plus souples, plus adaptables et plus évolutifs en fonction du contexte. Des outils qui soient en mesure de combiner les gestions des problématiques de court et moyen terme pour ne pas perdre le fil. Toute la difficulté est de pouvoir modéliser les conséquences de cette crise immédiatement bien sûr, mais également dans le temps pour prendre rapidement les bonnes décisions. Ces outils sont indispensables pour soulager les professionnels qui sont actuellement submergés.

De ce point de vue, le marché et les comportements seront intéressants à analyser.

La pression n’est sans doute pas la même dans tous les secteurs ?

En effet. Comme je l’indiquais, l’ambition de notre enquête est de couvrir tous les secteurs. Ce qui nous permet de constater des différences significatives. Il y a ceux dont l’activité a été forte pendant la crise, telle que la distribution alimentaire. Il y en a d’autres qui, malgré le confinement et la baisse d’activité subséquente, rattrapent leur chiffre d’affaires en retard qui, finalement, n’est que différé dans le temps. Enfin il y a ceux qui ne pourront pas rattraper le retard de chiffre d’affaires.

Dans ces trois cas de figures, l’approche est très différente.

C’est ce que vous dévoilerez lors de la conférence du 15 décembre ?  

Oui, entre autres. L’occasion pour moi, de remercier tous celles et ceux qui ont participé à cette étude notamment en répondant au questionnaire. Remerciements qui s’adressent également aux membres du groupe contrôle de gestion de la DFCG qui ont pris part aux travaux.

Des remerciements appuyés enfin à Isabelle Semence, directrice financière Country Business Unit France, Thales Defense Mission Systems, Bénédicte Grall Enseignant-Chercheur et Maître de conférences en sciences de gestion au CNAM, Philippe Baron CEO ADN-soft et Paul Guilleré Regional Manager France d’EMAsphere.

Et je vous donne donc rendez-vous, avec eux, le 15 décembre à 9h35 pour commenter les résultats de cet Observatoire.

A très bientôt !