Être utiles les uns aux autres

 

Entretien avec Laetitia Poilvet,

Présidente de la région Bretagne–Pays de Loire

Laetitia Poilvet, quel est votre parcours ?

Après avoir obtenu un DUT de gestion des entreprises et des administrations à l’université Paris Descartes, j’ai suivi la MSTCF de Paris-Dauphine. Ce qui m’a permis de faire mon stage de fin d’études chez KPMG. Un cabinet où j’ai exercé le métier d’auditeur pendant sept ans, principalement auprès de sociétés industrielles. J’étais audit manager quand j’ai quitté KPMG en 2011 pour m’installer près de Vannes avec mon mari. J’ai alors rejoint le groupe Suez d’abord comme directeur d’un CSP comptable puis comme directeur du contrôle interne. Ensuite, j’ai rejoint en qualité de DAF une PME dans le secteur de l’édition de logiciels (Winpharma-Everys).

C’est au terme de cette expérience que j’ai créé mon activité de DAF externalisé.

 Pourquoi cette orientation vers le métier de DAF à temps partagé ?

Au départ, c’est plus une opportunité qu’un choix : en quittant mon dernier poste salarié, j’ai eu la possibilité de réaliser une mission par mon réseau personnel alors que j’étais plutôt en recherche d’emploi « classique » et ça a été une révélation. Je suis en quelque sorte « cablée » pour ça.

C’est le mode d’exercice qui me permet à la fois de retrouver la stimulation intellectuelle constante de mon expérience en cabinet d’audit et d’aller jusqu’au bout de la mise en œuvre des projets comme si j’étais salariée.

 On vous sent passionnée par votre métier…

Car c’est un métier passionnant !

Le DAF externalisé est dans une posture totalement différente du DAF salarié : il ne vend pas ses compétences mais une solution à un problème. Il s’agit donc à la fois d’établir un diagnostic et des recommandations, mais également de les mettre en œuvre en fonction des priorités fixées par le dirigeant. Il y a à la fois un côté très opérationnel de chef de projet ou de manager qui produit du concret (développement d’outils, business plan…) et un accompagnement stratégique du dirigeant. C’est cet aspect qui est le plus valorisant : en tant que DAF externalisé, nous jouissons d’une grande liberté de parole et d’une véritable écoute. C’est incroyable la différence de posture que cela génère : lorsque le client paye pour une prestation, il est bien plus réceptif aux conseils prodigués.

Ensuite, je me suis découvert une passion pour les autres aspects du métier liés à l’entrepreneuriat : le commerce, le marketing, la communication…

Le gros challenge est la gestion du planning et de la répartition de la charge de travail dans le temps : il faut être souple, adaptable et parfois savoir dire non !

Et en même temps, cela permet aussi une grande flexibilité dans l’organisation me permettant de mener à bien des projets personnels et associatifs.

 Comment avez-vous connu la DFCG ? Comment vous êtes-vous engagée ?

J’ai connu la DFCG en 2016, lorsque j’ai lancé ma propre activité. Je participais à un réseau informel de DAF externalisés rencontrés par le biais de Cadre en mission où nous partagions nos expériences et recommandations.

Le groupe DAF à temps partagé existait en Ile-de-France, j’ai donc proposé à Jean-Philippe Fraix et Arnaud Rivière qui coprésidaient notre région de créer l’équivalent en Bretagne–Pays de la Loire. Ce fut chose faite lors de l’AG à la rentrée 2018. En tant que responsable de la commission je suis de facto devenue membre du bureau régional et me suis donc impliquée dans les instances de la DFCG. Tous les sujets m’intéressaient et j’y ai trouvé une communauté bienveillante et enthousiaste autour de

Jean-Philippe et Arnaud qui en étaient les catalyseurs. Ils ont fait un travail formidable ces trois dernières années. Grâce à eux, je me suis piquée au jeu.

 Jusqu’à accepter la présidence il y a quelques jours… ?

En effet. J’ai vu Jean-Philippe et Arnaud œuvrer. Je connais la charge, mais je voulais participer à mon tour et ainsi rendre à la DFCG ce qu’elle m’a apporté. Être au service des membres et continuer à progresser pour rassembler encore plus de professionnels de la finance d’entreprise. Car plus notre communauté sera grande, plus les échanges seront riches.

Nous nous sommes attelés à cela dès l’assemblée générale de septembre dernier notamment pour mieux cerner les thématiques attendues par nos membres. Nous trancherons ensemble sur les priorités des mois à venir lors du prochain bureau. Car je ne suis pas seule à m’investir : nous sommes tout un groupe très soudé et volontaire. Et je sais pouvoir m’appuyer sur Bertrand Yraeta comme vice-président. En quelques années, il a insufflé un dynamisme incroyable au sein du pôle Rennais. Nous allons nous appuyer sur son savoir-faire pour accompagner tous les pôles dans leur développement.

 L’échange, la convivialité… ce n’est pas toujours facile avec la crise sanitaire que nous traversons ?

D’une certaine manière, c’est aussi une chance. Notre région est très vaste et il peut être difficile pour nos membres d’assister aux manifestations qui les intéressent pourtant. Les circonstances nous ont obligés à faire cet effort de transformation pour proposer des réunions à distance.

A l’avenir, nous devrons donc faire le tri entre les réunions uniquement en présentiel et celles que nous pouvons également tenir en distanciel.

Nous devons apporter de la valeur à nos membres, leur permettre cette montée en compétence qu’ils attendent. Cela passe par des échanges très horizontaux et conviviaux entre pairs mais également par des échanges plus verticaux, avec des experts, sans s’éloigner pour autant de l’aspect pratico-pratique.

Nos membres doivent pouvoir se dire après chaque évènement : « J’ai appris quelque chose » ou encore « J’ai enrichi mon cercle d’entraide ».

 C’est d’autant plus indispensable que le métier évolue ?

Le métier évolue évidemment mais ne connait tout de même pas la « révolution » qui est souvent annoncée. D’une part, être directeur financier dans une PME servant un marché régional ou un groupe du CAC40 n’a pas grand-chose à voir.

Prenons l’exemple des analyses prédictives, qui sont en quelque sorte l’étage supérieur de la fusée des outils de Business Intelligence après la mise en forme des reporting. Très peu d’entreprises les utilisent et la majorité des PME n’ont même pas encore mis en place le premier étage…

C’est un défi pour notre association : apporter le contenu utile à chaque membre en fonction de son degré de maturité sur ces sujets et s’assurer que tous progressent en s’apportant réciproquement des solutions et en partageant ses expériences.

C’est ainsi que nous serons utiles les uns aux autres.